SELKIRK BLACK BOX

mix media
dimension variable
2010
Photos by Emilie Pischedda ©

 Juliana Borinski - Pierre-Laurent Cassière - Paul Chazal - John Céjudo - Club Death By Murder - Mylène Eliot - Jérémie Grandsenne 

- Sophie Graniou - Martin Hyde - Emilie Pischedda - Frédéric Platéus -  Valentin Souquet - Eric Stéphany - David de Tscharner

---------------------------------------------------------------

Elaine Lévy Project & Projet Diligence 

présentent

---------------------------------------------------------------

Selkirk's Black Box

---------------------------------------------------------------

Une proposition curatoriale d'

Emilie Pischedda & Valentin Souquet

---------------------------------------------------------------

Art-O-Rama

10-19 septembre 2010

Friche Belle de Mai

Marseille

---------------------------------------------------------------

Tout tient cette fois dans une simple boîte. 

Dans cette version portative du projet Selkirk’s Black Box , Projet Diligence renouvelle leur démarche à mi-chemin entre travail plastique et commissariat d’exposition. 

Et cette fois encore, il s’agissait tout autant d’agencer des matériaux, de construire des lignes que de sculpter des relations avec de nombreux artistes invités. Chacun a accepté l’idée un peu folle d’abandonner une œuvre personnelle dans la méta-sculpture de Projet Diligence qui lui sert d’écrin. Ainsi se dessine une géographie complexe, faite de replis, où les noms et titres deviennent des lieux et des coordonnées. Mais il en est un qui se détache, qui se hisse plus haut que les autres, celui d’Alexander Selkirk…

Icônes

Il nous est difficile de distinguer Alexander Selkirk de Robinson Crusoë, puisque l'explorateur ne survit dans l'imaginaire commun qu'au travers du personnage de fiction. Pourtant il existe une marge claire entre le modèle, anti-héros rebelle et dépressif, et  sa réplique fictive, qui, en totale contradiction, devient l‘emblème de la civilisation triomphante.

Selkirk est la figure exemplaire des personnages qui accompagnent régulièrement Projet Diligence; on pense notamment à  ces skaters aussi aériens que perclus d'ennui, hommage aux premières victimes de la culture fun (Wandering 2009-…). 

Selkirk est l’aventurier indécis qui ne mesure pas tout à fait les conséquences de sa mutinerie, mais qui, ironie du sort, survit au naufrage orchestré par un capitaine borné. 

En convoquant cette icône méconnue, Projet Diligence rétablit la vérité historique au travers d'une fiction des plus subjectives. Il ne s'agit nullement d'un paradoxe. C’est au contraire de prendre la fiction au sérieux.

Une machine à fiction

Selkirk dans son île est une prodigieuse machine à fiction. Les naufragés jouent toujours la même pièce, où les personnages principaux sont toujours la parole et l’usage et le décor la civilisation en creux. Lieux magiques par excellence, ces contrées inscrites sur aucune carte sont des pages blanches où tous les récits peuvent s’écrire. Pour ne pas perdre l’usage de la parole, Robinson Crusoë tient quotidiennement un journal, mais c’est Daniel Deföe qui en écrivant le premier roman moderne est le véritable aventurier. Mais l’île devient un mythe : un texte sans auteur sans cesse réécrit. 

Plus récemment, pensons à la série télé Lost où l’île était en fait un véritable work-in-progress cartographié au jour le jour par des scénaristes avançant à tâtons.

Depuis que l’homme moderne cerne le globe, l’île est devenu le terrain de jeu où l’imaginaire populaire y croise l’expérimentation narrative. En tant que figure littéraire, c’est un matériau extrêmement plastique, modulable à l’infini, à condition que l’on compose avec la géographie restreinte.

Usage de l'exposition

Monde en miniature, l’île est toujours une mise en abîme des réalités qui l’entourent : elle est la page, l’écrivain au travail et la société dans laquelle elle s’inscrit. Dans la longue vue, les proportions sont inversées : pour Selkirk, débarqué en plein milieu du Pacifique, ce n’est pas tant l’île qui est petite, que l’horizon qui est infini ; et le coffre ne contient pas ses quelques effets personnels, mais littéralement toute sa vie. 

Selon le même principe d’inversion des échelles, la Selkirk’s Black Box est une exposition à l’intérieur d’une sculpture. Les principaux paramètres présidant au commissariat sont dès lors modifiés et il faut les repenser de manière empirique. Comment procéder alors ?

Avant toute chose, le voyageur échoué doit ériger un système de règles auxquelles se raccrocher dans cet environnement vierge. Dans ce territoire, il n’est pas possible d’appliquer les systèmes couramment utilisés par les commissaires : sur l’île il n’y a pas de recul possible.

C’est là que la fiction intervient : elle sera la tectonique qui maintiendra à flot cette structure précaire. Mais il s’agit d’une écriture concrète, limitée tout d’abord par la vérité historique telle que se l’imaginent les artistes naufragés ; contrainte ensuite par l’épaisseur et le poids des matériaux mis en œuvre.  Le commissariat s’envisage alors par petites touches en dialogue constant avec la matière. Ainsi si les œuvres glanées auprès des autres artistes sont toutes accrochées selon des modes auxquels elles n’étaient pas destinées, ce n’est pas tant par choix que par contrainte.

Dans ces conditions extrêmes, les règles changent. Tout doit être renommé. Les fonctions se confondent : l’artiste devient commissaire, la boîte de transport devient le support…  Les usages sont repensés en fonction de l’environnement immédiat. L’exposition n’utilise pas les œuvres à son profit ; elle se met, au contraire, au niveau de la contingence de l’objet. 

Mais le microcosme ne serait pas fidèle au modèle s’il n’incluait pas aussi le visiteur ou l’acheteur. Les trappes, les replis, les tiroirs font offices d’horizons lointains pour ceux qui, resté à quai, rêvent de trésors cachés ou de terres vierges. Et ce sont à nouveaux des récits enchâssés à l’infini qui s‘écrivent, puisqu’une fois le trésor trouvé, une fois le territoire arpenté, c’est une autre histoire qui commence.

Florent Delval.

The Divine Spoof  or The Providence Parody 

       The viewer looking through a half-silvered mirror, situated between viewer and scene  sees a ghost floating next to the  burning table. The illusion is created by means of humorous imitation. 

    A ghost work created to mock God's activity in the world, comment on God's implication or make fun of God  as an upholder of the existence and natural order of the universe... Often, the most satisfying element of God's extraordinary intervention in the life of people is seeing others mistake it for the genuine article.